L'endroit où je n'aurais jamais pensé mettre les pieds un jour à Bombay: L'immigration!
Publié par Thibault.
Sous la chaleur accablante de cette fin d’été,
dans l’attente désespérée d’une mousson prétendument précoce mais qui sait se
faire désirer, me voila de nouveau à plancher sur le résultat des urnes. Non
pas celles des élections indiennes, encore moins celles des élections européennes.
Mais celles des blogueurs francophones de Bombay, qui, avec ce nouveau sujet,
me perdent dans mes souvenirs, après bientôt deux ans de vagabondage frénétique
a travers la ville.
Des endroits où je n’aurais jamais pensé mettre
les pieds, il y en a quelques uns. Il y a cette boite de nuit, avec des écrans
passant des clips de Bollywood incrustés au sommet des urinoirs. Il y a cette étrange
pelouse artificielle qui chatouillait agréablement mes voûtes plantaires sur la
terrasse de cet immense penthouse surplombant Mahalakshmi. Ou bien la « mezzanine »
crasse de cette famille de 8 personnes a Dharavi, qui vivait dans ce petit carré
de 2m sur 2m, au-dessus de leur petit atelier de poterie, et qui m’avait invite
a boire le thé.
Il y a aussi cette première (et vraisemblablement dernière,
au vu de l’inefficacité du procédé) pédicure, au salon Chez Frida, ou une
pauvre femme dû s’atteler a l’impossible tache de rénovation de mes ripatons.
Puis, au milieu de cet étourdissant tourbillon de
souvenirs abscons, une image s’impose. La cellule d’attente de l’immigration a
l’aéroport de Bombay. Pour ceux qui n’aurait pas lu le précédent récit de cette
longue, très longue nuit, voici un court résumé.
Apres avoir effectué le renouvellement de mon visa
à Chhindwara, Madhya Pradesh (marathon administratif de plusieurs mois, assorti
de nombreux bakchichs et d’épisodes absurdes, comme de regarder une sitcom
indien débile avec le commissaire de police du district sur l’écran plat de son
bureau), j’arrive confiant a l’aéroport de Bombay.
Oui mais voila, le sort a encore frappé, et des
attentats ont eu lieu alors même que j’étais dans l’avion. Les officiers de l’immigration
sont nerveux, et mon nouveau visa apparait désormais suspect. Un tampon qui est
carrée au lieu d’être rond, une signature qui ne correspond pas exactement a ce
qui est sur le passeport… Il en faut peu pour attirer l’attention soudain pointilleuse
d’officiels sous pression, et je me vois conduis direction la salle d’interrogatoire,
avec table, chaises, et miroir sans tain (enfin peut-être qu’il y a du tain, et
que c’est juste pour se remaquiller entre deux interrogatoires, après tout je
ne vois pas trop l’intérêt pour des douaniers).
Ce fut un drôle de moment. Fatigué, décalé, frustré…
Seul, face a ces 3 messieurs qui refusent de m’expliquer la nature du problème.
Est-ce que j’ai des connections avec des organisations islamistes ? Non
monsieur. Je travaille chez Raymond monsieur. A Chhindwara. Encore et encore.
Et quand le couperet tombe (vous repartez sur le premier vol Air France…), ca fait tout drôle. Oui, l’immigration, c’est le seul endroit ou j’ai pu mettre les pieds a Bombay ce jour –la, et ce n’etait pas vraiment ce que j’avais prévu…