Suis-je Bombayite ou Mumbaikar?

Publie par Thibault

La question d’aujourd’hui, thème du jour du blog francophone de Bombay (et pas Mumbai…), est éminemment trompeuse. L’énoncé est simple :

- Bombay est le nom de la ville avant 1994, et vient du Portugais « Bonne Baie ».

- Mumbai est le nom de la ville depuis 1994, rebaptise par le Shiv Shena (voir article ici) d’après le nom d’une déesse locale, Mumba Devi. Vu les orientations politiques du Shiv Shena, c’est donc une réappropriation de la ville par ses habitants originels Marhati, avant les migrations portugaises, anglaises, parsis, Biharis, Marwaris, bengalis, Indiens du Sud, du Nord, j’en passe et des meilleurs, pour finir par les expatriés des temps modernes, et en particulier, moi.

Donc, que suis-je, d’où viens-je, ou vais-je ? Tout cela se rejoint dans cette question. Je répondrais, victime d’une dualité superhéroïque, que je suis :

- Mumbaikar la journée : je travaille a Thane, au Nord de Mumbai, chez Raymond, une société indienne terriblement (et, parfois, insupportablement) traditionnelle. A Midi, je mange un Vada pav, un Pav bhaji, ou bien un Bhel Puri. Le soir, si j’ai un moment, je joue au Badminton ou au cricket avec quelques jeunes employés de Raymond. Puis je prends un rickshaw et je deviens…

- Bombayite : après une heure de trajet, j’arrive à Bandra, au centre de Bombay. L’ancien quartier chrétien est devenu le quartier le plus cosmopolite de la ville, et le centre de la vie nocturne. Je vais manger un « Sirloin steak », accompagné d’un verre de vin rouge, au Zenzi, parce qu’ici on trouve de tout. Puis j’irai voir un concert de Jazz au Blue frog, ou des artistes internationaux se produisent chaque semaine (ils ont voulu faire venir Sting, c’est vous dire…).

La réalité, cependant, c’est que malgré tout ce que je peux faire (parler hindi, insulter les chauffeurs de rickshaw en Marathi, cracher 1 litre de salive rouge de paan a la minute…), je ne serai jamais un « vrai » mumbaikar. Je pourrai déjà m’estimer heureux si je suis considéré comme un Bombayite.

Enfin tout n’est pas perdu. Au moins je ne suis plus un parisien…

Comments

[Chouyo]

J'aime bien ce parallèle, être un peu les deux !

Dis-moi, tu arrives réellement à cracher un litre ?