B comme Bombay, B comme... Bulsara, Farrokh Bulsara.
Publié par Chouyo, sur La vie vue d'un rickshaw.
Et ne me dis pas que tu ne connais pas Farrokh Bulsara... Oh, ttt ttt ttt, pas de googlerie ! Tu sais très bien qui c'est : le Bombayite le plus connu en Occident, parsi de surcroît (alors pour faire plus Bombayite...).
Farrokh. Certes, il est
né à Zanzibar. Mais cela ne change pas grand-chose puisque ses parents
venaient de Bombay, et que lui-même, tout jeune, y rejoint la très
distinguée St Peter's School de Panchgani, près de Pune, puis la tout
aussi reconnue St Mary's High School de Mazgaon à Bombay pour y suivre
une brillante scolarité : anglais, histoire, piano, art et sports (il
partage d'ailleurs la même gloire que la présidente actuelle, Pratibha Patil dans le tennis de table : ceci est un blog culturel, je te le rappelle...).
Je ne sais pas si cela date de ces années passées en Inde, mais il retient une chose : la moustache, ça place tout de suite son homme.
Messieurs, prenez-en de la graine. D'où le port de ladite moustache
durant les années 1980, sa marque de fabrique en quelque sorte.
Ce séjour indien a également donné à Farrokh un sens très poussé du look, osé ou classe, paillettes, fourrure, lamé ou cuir. Il faut dire que ses diplômes d'art, de mode et de graphisme obtenus à Londres l'ont aidé à savoir allier textures, formes et couleurs. Quoique l'univers bollywoodien des années 1950 et 1960 découvert dans son enfance y eût déjà bien contribué...
Mais sa plus grande qualité réside dans ses cordes vocales. Une tessiture exceptionnelle tout comme son registre (du baryton au fausset) et ses capacités lyriques extrêmement variées. Et ça, c'est la seconde marque de fabrique de Farrokh. La troisième, il la découvre grâce à son accessoire favori (mais naaaaan, bande de débauchés...) qu'il utilise pour un jeu scénique d'une envergure telle que le (sacro-saint) David Bowie en dit : "il savait transformer un cliché en avantage". Et ça, c'est la classe (comme Britney et moi, d'ailleurs)...
Fan de baroque psychédélique et de glam-rock, jamais indifférente au kitsch et à l'inventivité vocalique, je ne pouvais qu'être séduite par la voix de ce Bombayite parsi anglophone, Farrokh Bulsara. Si célèbre aujourd'hui que l'on peut acheter des poupées articulées à son image, que le Royal Mail a édité un timbre à son effigie et qu'une statue magistrale domine les rives du lac Léman...
Mais qu'en est-il en Inde ? Dans l'univers internautique anglophone indien, il semble que la question principale soit : Farrokh Bulsara était-il indien ? Car, quoique très généreux en matière de santé et d'aide aux malades, il s'est montré avare de paroles sur ses origines. Dans les lieux de son enfance, aucune évocation de ses accomplissements, on fait silence tandis que d'autres Indiens rejettent à peu près tout de lui, parant souvent leur rejet de raisons prétendument artistiques ou nationalistes : difficile pour eux de souligner la proximité entre Bombay, l'Inde et Farrokh, une des plus grandes star des dernières décennies dans le monde, une icône adulée homosexuelle et décédée des suites du SIDA. Le vieux fonds homophobe et puritain se réveille alors, Vir Sanghvi écrivant même dans un moment de vérité introspective : "I always felt a certain horrified fascination at watching a Parsi boy prance around on stage looking like a gay weightlifter in a Cusrow Baug gymnasium". Et oui, le Bombayite le plus connu dans le monde, mon pauvre ami, est un parsi et, qui plus est, gay comme un ragondin !!! Mouahahahahahahahah !!! Iconoclaste comme je suis dans ce pays engoncé dans sa pruderie et ses conservatismes (d'ailleurs, encore plus aujourd'hui qu'il y a quelques décennies, je vous en reparlerai), je savoure, je savoure...
Je savoure, même si depuis le 24 novembre 1991, sa voix chaude et profonde, facétieuse et grave manque énormément. La voix de Freddie Mercury, le plus célèbre des Bombayites...
De très belles photos sur le site Mercury and Queen (notamment les photos de jeunesse, reproduites ici avec accord) et un article du Hindustan Times sur l'omerta au sujet de celui qui y est nommé "La fraise sauvage de Panchgani" !